
Depuis l’instauration du programme de soins gratuits par le chef de l’État, destiné aux indigents, aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans, des progrès notables ont été réalisés dans l’amélioration de l’accès aux soins. Cependant, cette avancée est désormais menacée dans plusieurs territoires de la province du Sud-Kivu,notamment à Shabunda ,Mwenga ,Kalehe ,Walungu et ou encore Idjwi depuis l’occupation de la ville de Bukavu et d’autres zones par le groupe armé M23.
Le manque de médicaments et d’intrants essentiels à la prise en charge des patients complique la mise en œuvre du programme de soins gratuits. De nombreux hôpitaux n’ont plus les stocks nécessaires pour garantir une prise en charge adéquate, particulièrement dans les zones rurales où l’accès aux soins était déjà limité.
Des témoignages poignants de patients
Agnès une femme enceinte de 7 mois, témoigne de son expérience difficile dans un hôpital de Kalehe : « J’étais venue pour un suivi de grossesse, mais après des heures d’attente, on m’a dit qu’il n’y avait plus de médicaments pour mon traitement. Ils m’ont simplement donné des comprimés au lieu de me faire l’injection nécessaire pour éviter les complications. On m’a conseillé de revenir plus tard, mais avec la situation actuelle, je ne sais pas si je pourrai revenir. »
Le cas de Agnès n’est malheureusement pas isolé. Plusieurs bénéficiaires du programme, notamment des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans, font face à des situations similaires. Les hôpitaux, déjà saturés, manquent cruellement de ressources, et les soins gratuits qu’ils devraient recevoir ne sont souvent pas dispensés correctement.
Byamungu un père de famille resident a Walungu dont l’enfant de 3 ans souffre de fièvre et de douleurs abdominales, raconte : « J’ai amené mon enfant à l’hôpital pensant qu’il recevrait des soins gratuits comme promis par le gouvernement. Mais à ma grande surprise, on m’a dit qu’il n’y avait pas de médicaments pour traiter la maladie de mon fils. On m’a juste donné une ordonnance et conseillé d’acheter les médicaments moi-même. Je n’ai pas les moyens pour cela, et je suis inquiet pour la santé de mon fils. »
La fermeture des banques : un frein supplémentaire à l’approvisionnement des hôpitaux
À cette pénurie d’intrants s’ajoute un autre problème majeur : la fermeture des banques dans le Sud-Kivu, qui accentue encore la situation critique. De nombreux hôpitaux, dépendant des services bancaires pour gérer leurs finances, ont vu leur accès à des fonds essentiels bloqué. L’argent destiné à l’achat de médicaments et d’intrants est souvent conservé dans ces établissements financiers, et sans possibilité de retirer des fonds, les hôpitaux se retrouvent incapables de s’approvisionner.
Cela complique davantage la gestion des stocks nécessaires à la prise en charge des patients. Par exemple, certains responsables d’hôpitaux ont exprimé leur frustration : « Nous avons des fonds sur nos comptes, mais avec la fermeture des banques, nous ne pouvons même pas acheter les médicaments dont nous avons besoin. Cela nous empêche d’assurer correctement la prise en charge des patients, malgré l’engagement du programme de soins gratuits. »
La fermeture des banques, couplée à la pénurie de médicaments et à l’absence de certaines organisations humanitaires, exacerbe une situation déjà difficile pour les populations vulnérables. Cette situation souligne l’urgence de rétablir les services bancaires dans la région et de trouver des solutions alternatives pour garantir la continuité des soins.
Des solutions urgentes à trouver
Face à cette crise, il est crucial que des mesures urgentes soient prises. Le gouvernement, les autorités du mouvement M23 et les partenaires humanitaires doivent trouver des compromis pour
l’approvisionnement en médicaments et en intrants médicaux, mais aussi faciliter l’accès aux ressources financières nécessaires. Le rétablissement de l’accès aux banques et la mise en place de mécanismes alternatifs pour les hôpitaux pourraient permettre de résoudre en partie cette crise financière et médicale.
La Rédaction