
À Bukavu, de nombreuses femmes ignorent encore l’importance réelle de l’échographie pendant la grossesse. Selon un micro-trottoir réalisé par Afia Plus.info, 6 femmes sur 10 affirment que l’échographie ne sert qu’à connaître le sexe du bébé. « Moi, je suis allée une seule fois à l’échographie juste pour savoir si c’était un garçon ou une fille. Après ça, je ne voyais plus l’utilité d’y retourner », confie Rosine, une jeune mère de deux enfants habitant Kadutu.
D’autres femmes, un peu mieux informées, reconnaissent que l’échographie permet aussi de confirmer la présence de la grossesse et d’estimer la date probable de l’accouchement. C’est le cas de Mireille, vendeuse au marché de Nyawera : « On m’a dit que l’échographie montre l’âge du bébé dans le ventre et peut indiquer la date d’accouchement. Mais je ne savais pas qu’elle pouvait détecter d’autres problèmes. »
En zone rurale, la situation est encore plus préoccupante. À Katana, dans le territoire de Kabare, certaines femmes pensent qu’une seule échographie suffit. « On m’a fait une échographie au troisième mois. La sage-femme m’a dit que tout allait bien. Après ça, je ne suis plus retournée à l’hôpital jusqu’à l’accouchement », témoigne Jeanne, une habitante du village de Chibanja.
Pourtant, les professionnels de santé rappellent que l’échographie est un outil médical essentiel. Lors d’une émission santé sur Radio Maendeleo, la gynécologue Dr Alice Amani a tenu à apporter des précisions importantes : « L’échographie n’est pas seulement pour connaître le sexe du bébé. Elle permet de détecter les anomalies congénitales, d’évaluer la croissance du fœtus, la position du placenta, et d’anticiper les complications comme les grossesses extra-utérines ou les risques d’accouchement prématuré. »
Elle ajoute qu’un bon suivi prénatal comprend plusieurs échographies, idéalement trois au minimum, réparties entre le début, le milieu et la fin de la grossesse. « Nous devons sensibiliser davantage, surtout en milieux ruraux où l’accès à l’information est limité. C’est une question de vie ou de mort, parfois », insiste-t-elle.
L’appel du docteur Amani résonne comme un cri d’alarme : pour réduire la mortalité maternelle et néonatale, il est crucial de briser les fausses croyances autour de l’échographie. Et cela passe par la sensibilisation, l’éducation, mais aussi un meilleur accès aux soins de qualité pour toutes les femmes, qu’elles vivent en ville ou en campagne.
Par la Rédaction