
En ce 10 octobre, Journée mondiale de la santé mentale, célébrée sous le thème « Accès au service santé mentale et soutien psychosocial dans les situations d’urgence et de catastrophe », le Dr Amani Busane Philippe, responsable du volet santé mentale à l’Hôpital de Panzi, rappelle la situation particulière du Sud-Kivu et de l’Est de la République Démocratique du Congo.
Selon lui, la région vit depuis des années au rythme des guerres, des conflits armés, des catastrophes naturelles, des éboulements, de la montée des eaux et des incendies. « Ces drames successifs », explique-t-il, « ont semé la peur, la misère et le désespoir au sein des familles. Derrière chaque événement, il y a des femmes violées, des enfants orphelins, des jeunes traumatisés, des hommes déplacés, et même des soignants épuisés. Tous portent en eux des blessures invisibles celles de l’âme et de l’esprit qui nourrissent les traumatismes, l’anxiété et la dépression. »
Le Dr Amani insiste : « On ne peut pas soigner le corps en oubliant les soins de l’âme. » Pour lui, la santé mentale est un droit fondamental, trop souvent négligé dans les situations de crise. « Dans les contextes humanitaires, la souffrance psychique est parfois plus profonde que les blessures physiques. C’est pourquoi il est urgent de revoir les stratégies de prise en charge, de renforcer les services de soutien psychologique dans les camps de déplacés, et dans toutes les zones touchées par les catastrophes. »
Il plaide également pour la création d’espaces communautaires « où les victimes peuvent s’exprimer sans honte, sans crainte et sans peur ». Selon lui, « ces espaces d’écoute et de parole sont essentiels pour restaurer le lien social, soutenir les familles et redonner confiance à ceux qui ont tout perdu ».
Le Dr Amani appelle à une « collaboration renforcée entre les structures de santé, les ONG, les églises et les acteurs communautaires dans toutes les réponses humanitaires ». Il insiste : « La santé mentale ne doit plus être un volet secondaire, mais une priorité. »
A l’occasion il salut les efforts du Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018 : « Son engagement à intégrer la santé mentale dans la prise en charge des survivantes de violences sexuelles, des victimes de catastrophes et des personnes marginalisées reste une source d’inspiration. Son plaidoyer constant pour la paix et la dignité humaine montre la voie à suivre. »
Pour le Dr Amani Busane Philippe, responsable du volet santé mentale à l’Hôpital de Panzi, « aujourd’hui plus que jamais, il est temps de reconnaître que la paix extérieure ne peut se construire sans la paix intérieure. Prendre soin des esprits blessés, c’est contribuer à la guérison d’un peuple tout entier. »
Rédaction



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