
L’épidémie de choléra qui touche plusieurs zones du Sud-Kivu risque de s’étendre rapidement, en particulier vers Bukavu, si des mesures urgentes ne sont pas prises pour contrôler les déplacements entre les zones touchées et les autres parties de la province.
Des témoignages recueillis sur le terrain indiquent que des passagers, parfois déjà infectés, quittent des foyers de contamination comme le site minier de Lomera (groupement de Luhihi, territoire de Kabare), pour se faire soigner à Bukavu ou ailleurs, à bord de véhicules, de motos ou de pirogues. Aucun dispositif sanitaire n’est mis en place pour contrôler ou encadrer ces mouvements.
Des professionnels de santé mettent en garde contre une possible flambée épidémique.
«Le choléra est une maladie hautement contagieuse. Si les malades circulent librement, surtout dans une ville comme Bukavu où l’accès à l’eau potable est limité et où l’assainissement laisse à désirer, on ouvre la porte à une contamination à grande échelle », explique un prestataire de soins basé à Kadutu.
La société civile partage cette inquiétude.
« Tant qu’aucune barrière sanitaire n’est mise en place, la chaîne de transmission restera active. On ne peut pas combattre le choléra en laissant les gens aller et venir entre les zones infectées et les zones saines, comme si de rien n’était », déplore un acteur du milieu associatif à Bagira.
Pour Alain Shindano, président urbain de la société civile, il est temps de passer à l’action :
« Il ne suffit plus de compter sur la bonne volonté des gens. L’État doit installer des dispositifs de lavage des mains aux points de passage stratégiques, dans les ports et les marchés. Il faut aussi désinfecter les moyens de transport et mener une campagne de communication massive dans les langues locales, pour que tout le monde comprenne les risques. Le choléra, ce n’est pas une fatalité, mais si on reste inactif, les conséquences seront désastreuses. »
Le médecin Bulangalire Buhendwa, quant à lui, appelle à une réponse multisectorielle :
« Ce n’est pas qu’une affaire de santé publique. Il faut impliquer les autorités territoriales, les services de transport, les chefs de base et même les associations de motards. Chaque acteur a un rôle à jouer. Il faut agir vite, avec méthode, avant que la situation ne devienne incontrôlable. »
À l’heure actuelle, des cas confirmés de choléra ont été recensés dans plusieurs localités : dans le groupement de Luhihi, dans certains quartiers de Bukavu, mais aussi à Kadjuchu, dans le groupement d’Irhambi-Katana (territoire de Kabare).